Contexte : La Martinique anglaise
Après moults rebondissements, la République est enfin installée à la Martinique en 1793. Les riches propriétaires terriens s’opposaient fortement à l’application de ce changement de statut craignant de voir l’esclavage aboli et d’être dépossédé de leur statut et leurs propriétés.
Ils envoient des représentants Dubuc et Curt afficher leur soutien aux membres de la famille de Louis XIV qui s’étaient réfugiés à Londres et aussi signer l’Accord de Whitehall avec les Anglais leur promettant leur aide pour ravir la Martinique aux Français jusqu’à ce que la Monarchie soit rétablie en France en contrepartie de pouvoirs d’influence en Martinique.
Le 6 Février 1794, les Anglais débarquent en Martinique aidés par les riches planteurs de l’île qui s’opposaient au régime républicain et souhaitaient le retour du système monarchique en France. Ils assiègent toute l’île. Le gouverneur de l’époque, le comte de Rochambeau tente au mieux de résister mais après un mois et demi de siège il n’a pas d’autres choix que de capituler.
La population est appelée à prêter serment à la Couronne britannique ce que certains refusent et s’enfuient vers Saint-Barthélémy, île danoise neutre.
Les planteurs qui s’étaient exilés après la défaite des Anglais contre les forces républicaines en Juin 1793 reviennent en Martinique et reprennent possession de leurs propriétés et leurs esclaves. Comme prévu dans le pacte avec les Anglais, ils obtiennent l’administration de l’île tandis que les hommes de couleur promus sous Rochambeau sont tous destitués de leur rôle.
La Martinique est à nouveau gérée comme sous l’Ancien-Régime et la monarchie.
Le débarquement du Vauclin
Si la Martinique était tombée entre les mains des Anglais, en Guadeloupe, la République avait été installée et les royalistes qui avaient pactisés avec les Anglais seront vaincus et fusillés en grande partie. Victor Hugues (photo ci-contre) le Gouverneur de la Guadeloupe, mais également administrateur colonial aux Antilles, tente de motiver la résistance à se battre contre les Anglais pour que les îles ravies par les Anglais redeviennent françaises. Il parvient à ses fins à Saint-Eustache, Saint-Martin et surtout Sainte-Lucie où s’illustre le capitaine martiniquais Magloire Pélage. Il ne reste plus que la Martinique.
Depuis Sainte-Lucie se prépare une attaque pour reprendre la Martinique aux Anglais. Tout d’abord, Victor Hugues envoie deux émissaires Blancs martiniquais, Fourne et Thiberge qui étaient installés à Sainte-Lucie. Ceux-ci sont dénoncés, livrés aux Anglais par les planteurs et fusillés.
Le 16 Décembre 1795, une troupe de 120 Blancs et gens de couleur venus de Sainte-Lucie débarquent au Vauclin en pleine nuit avec le but de rétablir la république mais surtout d’abolir l’esclavage. Alors qu’il était prévu qu’une confédération de 400 patriotes de la région du François les rejoignent il n’en sera rien. Leur arrivée ne suscite pas l’enthousiasme espéré même de la population noire libre et des esclaves. Seuls 30 esclaves et libres de couleur les rejoignent.
Les renforts qui devaient arriver sont écrasés par la marine anglaise et doivent rebrousser chemin. À terre, les Républicains en infériorité sont vite cernés et subissent de lourdes pertes. Les survivants s’enfuient sur les hauteurs de la Montagne du Vauclin où leurs têtes sont mises à prix.
Quand ils sont retrouvés, ils sont pourchassés et massacrés par les esclaves qu’ils étaient venus libérer…
Plus aucune opération terrestre ne sera tentée pour reconquérir la Martinique. Les Guadeloupéens vont se contenter d’opérations maritimes parfois fructueuses contre les Anglais. La Martinique restera sous occupation anglaise jusqu’en 1802. La Guerre entre la France et l’Angleterre qui se jouait en Europe est conclue par un pacte où figure que la Martinique redeviendrait une colonie française.
Conclusion
Ce débarquement au Vauclin est bien peu connu et relaté dans l'histoire de Martinique pourtant il aurait pu aider à la libération des esclaves avant 1848. Hélas, mal organisés, en faible nombre, les Noirs de Sainte-Lucie venus délivrer ceux de Martinique n'ont pas réussi à mobiliser chez ces derniers.
Avaient-ils peur des planteurs au point de rallier la cause des planteurs au lieu de celle de leurs libérateurs venus de Sainte-Lucie? Après avoir poursuivis et tués les esclaves venus les libérer, ils allaient ensuite retrouver les champs et les coups, insultes et meurtrissures de leurs propriétaires dont ils avaient défendu la cause.
Au final les esclaves de Martinique devront patienter jusqu'en 1848 pour finalement obtenir leur libération.