Histoire
Construction de Fort-Royal
Fort-de-France est le chef-lieu de la Martinique. Elle est située au cœur de la Martinique entre les communes de Schœlcher à l'ouest, Fonds-Saint-Denis au nord, Saint-Joseph et le Lamentin à l'est.
L'histoire de Fort-de-France remonte avant même la colonisation. Le territoire actuel était une terre où vivaient des Caraïbes depuis probablement plusieurs siècles avant l'arrivée des colons français.
À l'arrivée des colons français, la Martinique est partagée en deux parts entre les anciens occupants et les nouveaux arrivants. Les Caraïbes privilégient la côte au vent (côte Atlantique) tandis que les Français optent pour la côte-sous-le-vent à savoir la côte Caraïbe.
C'est tout d'abord Saint-Pierre qui sera construit à l'embouchure de la rivière Roxelane. La guerre fait rage entre les puissances coloniales qui veulent ravir à la France l'une des grandes îles des Petites Antilles et c'est dans sa grande baie que les différents navires ennemis arrivent. Il apparaît donc primordial de se protéger des attaques dans cette zone. C'est ainsi que sera construit un fort sur les hauteurs de ce territoire. L'avantage de Fort-de-France c'était que le site était aisé à défendre et bien protégé des tempêtes, à contrario de la rade de Saint-Pierre.
Plus tard, Fort-de-France va prendre une posture plus administrative et politique en étant la terre d'accueil de la résidence du Gouverneur Jacques Dyel du Parquet en 1639, soit 4 années après l'arrivée des Français. Il y fait construire un fort en palissade qu'il dénomme Fort-Royal.
Toutefois, c'est le gouverneur Jean-Charles de Baas qui décide de fonder la ville sous le nom de Fort-Royal le 3 octobre 1669. Des travaux d'assainissement des marécages autrefois insalubres sont entrepris. Le plan d'alignement des voies de la future ville est approuvé par Colbert en 1671.
Cependant, la construction d'y bâtir une ville se heurte à des voix discordantes. Le sol meuble ne favorise pas les constructions et l'air des marécages entraîne une forte mortalité par la malaria. De nombreux aménagements hydrauliques sont nécessaires et nécessiteront plus d'un siècle pour être intégralement mis en œuvre.
L'année 1674 est marquée par la célèbre « bataille du Fort-Royal » entre Néerlandais et Français pour prendre possession de la ville et le rattachement des îles françaises des Antilles à la Couronne de France.
En Novembre 1677, le Comte de Blénac débarque à la Martinique pour pour succéder au Gouverneur de Baas qui vient de décéder. C'est lui achève la construction de la ville et qui sera reconnu définitivement comme le fondateur de la ville de Fort-Royal. Il est aussi à l'origine du transfert du siège du Gouvernement Général et du palais du Gouverneur de Saint-Pierre à Fort-Royal en 1692. C'est ainsi que la ville devient la nouvelle capitale administrative de la Martinique.
En 1738, Fort-de-France est ravagée par un tremblement de terre. Les conséquences du séisme sont inconnues.
Après un échec de l'attaque de 1759 par la mer, les Anglais réussissent à prendre d'assaut Fort-Royal par la terre suite à un débarquement de troupes à Case-Navire (actuelle Schoelcher). En 1762, c'est toute la Martinique qui passe sous pavillon anglais. Elle est restituée à la France un an plus tard via le Traité de Paris.
Georges-René Pléville Le Pelley est alors nommé capitaine du port de Fort-Royal et est chargé de sa réhabilitation. Il va nettoyer le bassin afin de restaurer l'accès au port, l'ouvrir aux gros bâtiments de commerce, supprimer les taxes d'accès au port et relancer le commerce maritime.
Malade, il rentre en France et est remplacé par Robert Tascher de la Pagerie, le père de la future Impératrice Joséphine.
De Fort-Royal à Fort-de-France
En 1794, suite à l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, les propriétaires terriens locaux se lient aux Britanniques qui conquièrent l'île. La Martinique ne connaîtra pas l'abolition de l'esclavage de 1794. En 1802, alors que l'esclavage est rétabli par Napoléon en France, l'entrée du Capitaine Général Villaret-Joyeuse à Fort-Royal le 14 septembre 1802 consacre le retour de la Martinique à la France suite au traité de la « Paix d'Amiens » signé avec l'Angleterre.
C'est sous l'Empire en 1807 que Fort-Royal devient le chef-lieu de la colonie et est alors baptisé Fort-de-France. Fort-de-France reste cependant très en retrait de la renommée de Saint-Pierre, capitale économique et culturelle de l'île.
Fort-de-France devra attendre la fin de l'esclavage pour éclore avec l'arrivée d'anciens esclaves désormais libres et de mulâtres. La population de la ville passe alors de 9 200 habitants au début du XIXe siècle à 17 000 habitants aux environs de 1876.Le maire de l'époque, Victor Sévère, relance alors le projet de l'assainissement et de la municipalisation des Terres-Sainville, un vaste marécage situé au nord-ouest de la ville. Fort-de-France reste malgré tout une ville où l'essentiel des emplois est encore agricole.
La ville est frappée par différentes catastrophes humaines ou naturelles qui la détruisent :
le tremblement de terre du 11 janvier 1839, puis un grand incendie qui détruit les 3/4 de la ville dont la quasi-totalité des 1 600 maisons construites en bois pour pallier les conséquences d'un futur séisme, le marché, la cathédrale Saint-Louis le 22 juin 1890 et l'année suivante un cyclone qui s'abat sur la ville et fait plus de 400 victimes.
Fort-de-France nouvelle capitale
Ironie de l'histoire, c'est suite à une catastrophe naturelle que Fort-de-France devient l'unique capitale de l'île. Suite à l'éruption de la Montagne Pelée, Saint-Pierre est totalement détruite et tous ses habitants restés sur place sont décédés sauf deux survivants. La population du nord de l'île migre massivement vers Fort-de-France qui remplace Saint-Pierre en récupérant les fonctions industrielles, économiques et commerciales de l'île.
Le Maire de l'époque, Victor Sévère relance alors le projet de l'assainissement et la municipalisation des Terres-Sainville, un vaste marécage situé au nord-ouest de la ville. Il faudra attendre 1920 cependant pour que les travaux y soient réalisés. Un quartier moderne voit le jour et attire alors une population ouvrière. Dans son sillage, les quartiers de Sainte-Thérèse, Morne Pichevin et Dillon voient le jour et naissent le long des routes.
Dans les années 30, sur les hauteurs de la ville et à distance du centre-ville, des résidences aisées de style colonial ont été construites, démontrant le contraste entre un centre-ville modeste et la splendeur de ces nouvelles habitations.En 1946, alors que la Martinique devient un département français, Fort-de-France est alors peuplé de 60 600 habitants.
Par la suite, la crise sucrière va accélérer l'exode rural et l'émigration vers la métropole (BUMIDOM) avec une fermeture progressive des usines sucrières au profit des emplois dans les services en particulier administratifs.
En 1946, alors que la Martinique devient un département français, Fort-de-France est alors peuplée par 60 600 habitants. Plus tard, de nombreuses habitations de fortune y sont construites et de nouveaux quartiers voient le jour. Vers 1975, Fort-de-France est désormais peuplée de 100 000 habitants. 40% des habitations qui ont été construites n'ont reçu aucune autorisation et les quartiers insalubres regroupaient 1/4 de la population de la commune.
Parallèlement à cela, Aimé Césaire, alors maire de la commune, met en place la construction de grands ensembles de logements sociaux permettant la naissance des cités Dillon, Floréal, Bon-Air et Calebasse entre 1960 et 1970, et Châteaubœuf dans les années 1980. C'est aussi à cette période qu'une zone de quartiers plus résidentiels éclot (Cluny, Bellevue, Des Rochers, etc...).
Depuis 1990, la population de Fort-de-France décline au profit de villes environnantes telles que Schœlcher, Saint-Joseph, le Lamentin, voire Ducos, où sont implantés des lotissements pavillonnaires et des ensembles de logements collectifs.
En 2025, la population de Fort-de-France était inférieure à 75 000 habitants.
Dans les périphéries de la ville, des opérations de restructuration urbaine visant à donner son attractivité à la ville (centre d'affaires de la Pointe Simon, centre commercial Perrinon, etc...).
Économie
Fort-de-France est le centre administratif et commercial de la Martinique, avec une forte présence dans les services publics, le commerce de détail et le tourisme. Elle concentre les bureaux de la préfecture de la Martinique, de la Collectivité Territoriale de la Martinique et est le siège social de plusieurs entreprises locales. Cela fait de Fort-de-France la ville qui accueille la majorité des emplois et des activités commerciales de l'île, mais elle est confrontée à des défis structurels, notamment le déclin démographique et les contraintes budgétaires.
En effet, une discipline budgétaire plus stricte a été demandée à la ville par les autorités régionales pour réduire le déficit des comptes municipaux qui était de 15,9 millions fin 2023. Les efforts de la ville (réduction des coûts de personnel et frais généraux d'exploitation) se sont soldés par des dépenses moins élevées en 2024 avant de projeter un équilibre entre les dépenses et les recettes en 2025.
Fort-de-France a connu de nouvelles créations d'entreprises en 2024, mais la croissance reste modeste en raison des pressions démographiques et budgétaires.
Enfin, le tourisme continue d'être un moteur économique clé, soutenu par le trafic de croisières et les événements culturels.
Quartiers
Fort-de-France compte plus de 135 quartiers au total. Ses principaux quartiers sont Balata, Bellevue, Canal Alaric, Châteaubœuf, Citron, Clairière, Cluny, Coridon, Crozanville, Desrochers, Didier, Dillon, Godissard, Fond, d'Or, Jambette-Beauséjour, Langellier-Bellevue, La Meynard, La Médaille, L'Ermitage, Montgérald, Morne Calebasse, Morne Laurent, Morne Morissot, Morne Pichevin, Morne Tartenson, Morne Venté, Moutte, Pointe de la Vierge, Pointe des Sables, Pointe des Nègres, Post-Colon, Ravine-Bouillé, Ravine-Vilaine, Redoute, Renéville, Rodate, Rive Droite (Bo kannal), Sainte-Catherine, Sainte-Thérèse, Terres-Sainville, Texaco, Tivoli, Trénelle et Volga-Plage.