Euzhan Palcy est une réalisatrice de films de cinéma. Elle est connue pour être la première réalisatrice noire produite par un studio de Hollywood et la seule femme qui ait dirigé Marlon Brando.
Née en Martinique, Euzhan Palcy se passionne très tôt pour le cinéma. Elle visionne les films de Fritz Lang, d'Alfred Hitchcock, de Billy Wilder, d'Orson Welles, d'Ousmane Sembène, de François Truffaut et de Costa-Gavras. Elle se passionne pour l'écriture où elle écrit des petites nouvelles et des poèmes. Sa sensibilité se développe en voyant la société martiniquaise et au travers des films américains où elle remarque les comédiens noirs interprètent toujours les rôles les plus dégradants et ridicules. Cela choque et révolte la jeune Euzhan.
Sa lecture de Rue Cases-Nègres, le roman de Joseph Zobel qui raconte la Martinique des années 1930 lui révèle la terrible condition des Noirs. Elle ambitionne alors de devenir cinéaste pour mettre sur les écrans ses colères, sa vérité et porter à l'écran la voix des Noirs différente de ce qui était jusque là montré.
A 17 ans, elle réalise son premier téléfilm, la Messagère. Elle quitte la Martinique pour suivre ses études de Lettres et Théâtre à la Sorbonne sur les conseils de son père et se spécialise comme directeur de la photographie.
Elle adapte La Rue Cases-Nègres au cinéma en 1983. Rue Cases-Nègres émeut le public qui découvre la Martinique et la misères des familles noires travaillant dans les plantations de canne à sucre. Le film remcontre un franc succès auprès du public et remporte 17 trophées internationaux en France et aux États-Unis.
Elle adapte ensuite Une saison blanche et sèche de l'écrivain sud-africain Adré Brink où il raconte son pays déchiré par l'apartheid et le racisme. Ce film est produit par un studio de Hollywood (Metro-Goldwyn-Mayer) où Marlon Brando, Zakes Mokae, Donald Sutherland et Susan Sarandon font partie de la distribution du film. Le film est tourné au Zimbabwe au moment même où Nelson Mandela est encore emprisonné en Afrique du Sud. Le film rencontre un succès public et reçoit le prix Orson Welles.
Elle rentre en Martinique où elle réalise le film « Siméon », un conte fantastique antillais avec le groupe Kassav comme compositeur de la musique du film. Grandement inspirée par Aimé Césaire, elle lui consacre une série de trois films documentaires, « Aimé Césaire, une voix pour l’histoire » en 1994.
Elle retourne aux États-Unis où elle coproduit et réalise le film Ruby Brigdes pour la télévision américaine. C'est l'histoire d'une enfant de 5 ans qui se bat pour combattre la discrimination raciale dans les années 1960.
Elle consacrera aussi trois ans à ce qui aurait du être le « premier dessin-animé noir produit par un studio américain » mais le projet sera abandonné suite à la perte du studio d'animation du producteur, la Fox.
En 2001, elle réalise The Killing Yard, un drame inédit sur la mutineie de la prison d'Attica qui avait eu lieu 30 ans plus tôt dans l'État de New York.
Au cours de l'année 2005, dans Parcours de dissidents, Euzhan Palcy a tenté de corrigé les oublis de l'Histoire en donnant la parole aux Antillais qui avaient combattu aux côtés de De Gaulle dans les Forces Françaises Libres.
Euzhan Palcy a récemment confié qu'elle n'avait pas rencontré le succès escompté en France car il était plus difficile en France qu'aux États-Unis d'avoir des opportunités en tant que réalisateur noir : « Si j’étais restée en France, j’aurais peut-être changé de métier. Je n’aurais jamais pu faire ce que j’ai fait. Il fallait partir ». Elle a reçu plusieurs trophées et hommages au cours des dernières années dans les pays anglo-saxons (États-Unis, Grande-Bretagne).